Comment ça mon histoire ? Pfff c’est pire que la police ce truc… Vous voulez pas me suivre avec un traceur aussi ? Bon, bon, je vais vous raconter ma vie. Alors écoutez bien je vais pas vous la raconter deux fois.

Certains diraient que j’avais une vie parfaite. Des parents parfaits, un frère parfait, des amis parfaits, une maison parfaite et juste ce qu’il faut de popularité.

La réalité est toute autre. Je ne suis pas entrain de dire que c’était l’enfer, mais mes parents jouaient beaucoup sur les apparences, malgré le fait qu’ils gagnaient un salaire correct. Ils étaient gentils avec nous mais ça s’arrêtait là. Mon frère, plus âgé, veillait sur moi. Il était beaucoup plus important pour moi que mes parents, que je considérais comme de simples connaissances. Bref, je menais une vie tranquille et assez rangée. Cela a duré 15 ans.

Un jour, je me souviens on était en automne, ma saison préférée, ma mère m’envoya faire une course de dernière minute. Il faisait nuit assez tôt et s’inquiétant pour moi, elle demanda à mon frère de m’accompagner. C’est arrivé à deux rues de chez nous. Nous traversions tout en nous racontant des histoires. Nous étions très proches lui et moi. Nous nous sommes arrêtés au passage piéton, le feu était rouge. Une fois vert, nous avons traversé tout en rigolant. Il n’y avait aucune voiture, la rue était déserte, tout étai silencieux.

Et puis tout à coup, une voiture a surgi, phares éteints. Nous ne l’avons même pas entendue arriver. J’ai juste senti un choc, violent me soulever dans les airs. Le sol et le ciel se sont confondus, tout s’est inversé. J’ai juste réussi à distinguer mon frère allongé sur la chaussée en me regardant. Il souriait. Le choc m’a projetée à 15 mètres du passage piéton. Je ne ressentais aucune douleur, je ne pouvais pas bouger, juste regarder mon frère me sourire et se vider de son sang, tandis que la voiture qui nous avaient percutés partait à toute vitesse. Ma vision a commencée à se troubler et mon monde s’est brisé dans un univers de souffrance.

J’ai ouvert les yeux le 25 janvier, trois mois plus tard. J’étais seule, allongée dans un lit d’hôpital, reliée à toutes sortes de machines qui faisaient toutes sortes de bruits. Mon réveil a du déclencher une alarme car une infirmière est arrivée, suivie d’un docteur. Ils m’ont parlé, m’ont demandé si j’avais mal et si je me souvenais de la façon dont j’étais arrivée là. Lorsque je leur répondis, ma voix fut horrible, éraillée. Mes parents arrivèrent une demi-heure plus tard. Ma mère pleurait et était soutenue par mon père. Ils m’ont expliqué je j’avais failli mourir et que j’étais resté dans le coma plusieurs mois. J’avais une triple fracture de la jambe, quelques cotes fêlées, un poumon perforé et une importante commotion cérébrale.

Mais quelque chose manquait dans cette scène de retrouvailles. Ou plutôt quelqu’un. Mon frère. Ou était-il ? Surement dans une chambre voisine. Je ne pouvais pas m’empêcher de le chercher des yeux. Ma mère remarqua mon trouble et me demanda ce qui se passait. Je lui demandais où était mon frère. Elle éclata en sanglot et partit dans la salle de bain. Mon père m’annonça alors qu’il été mort quelques minutes après l’accident et qu’il n’avait pas souffert. Il l’avait enterré il y a 2 mois. Je suffoquais. C’était impossible. Il était là il me souriait, me réconfortais pendant que je m’évanouissais. L’infirmière s’affaira autour de moi et le docteur demande à mes parents de sortir. Un choc psychologique si peu de temps après mon réveil n’était pas bon pour mon cœur. Durant mon séjour à l’hôpital, on me fit voir un psychologue. Pour quoi faire ? Il ne peut pas ramener mon frère et encore moins m’aider à faire mon deuil. La seule personne dont j’ai besoin n’est pas là, et ne sera plus jamais à mes cotés. J’ai souvent pensé à en finir, mais cela n’aurait pas plus à mon frère. Si jamais il existe une vie après la mort, et que je le revois, je ne pourrais pas le regarder en face. Vous trouvez ça pitoyable ? Pathétique ? C’est pourtant ce qui ma gardé en vie.

A mon retour au lycée j’étais devenue populaire, la fille qui avait traversé la mort. Moi qui pensais me faire oublier, c’était raté. Les gens avaient pitié de moi. Beaucoup sont restés avec moi pour essayer de faire grimper leur popularité. Quelle absurdité. C’étaient juste des hypocrites de plus. Bien sur je reçus beaucoup de fleurs et d’invitations. Quelle perte de temps. C’est à ce moment que les choses se sont empirées. La perte d’un être cher rapproche ? Quelle idiotie, elle divise. Mes parents ont commencé à vouloir trouver un coupable, et se sont accusés mutuellement. Le résultat était prévisible. Ils ont divorcé 6 mois après ma sortie de l’hôpital. C’est aussi à cette époque qu’ils ont commencé à me détester. Je ne pleurais pas et je continuais de vivre ma vie comme si rien ne s’était passé.

Mon sourire et ma bonne humeur ne se sont pas envolés. Une façade tout ça. Au fond de moi, mon cœur était en miette, j’étais constamment ravagée par la tristesse et la douleur. Je ne le montrais pas. Quiconque me connait vraiment aurait remarqué. Mais personne ne s’en est douté. Cela montre à quel point mes parents m’étaient étrangers. JE ne leur en ai pas voulu et leur ai proposé une solution très simple. Elle se résume en deux mots : Broken Flower. Ils me mettaient là bas et ils seraient débarrassés de moi, tout en préservant les apparences. Ils ont tout de suite accepté.

Cela fait maintenant une semaine que je suis arrivée. Très beau lycée. Mais bon, ce n’est pas cela qui fera quoi que ce soit. Si j’avais proposé à mes parents cet établissement c’est parce que j’ai entendu que c’était un lycée réputé qui faisait aussi pensionnant. Recette idéale pour m’éloigner de mes hypocrites parents. C’est la fin de cette première semaine. Déjà. C’est passé si vite. Depuis la mort de mon frère, tout passe tellement plus vite. Je m’écroule sur mon lit, je suis épuisée.

C’est le froid qui me réveille. Je suis allongée par terre, en face de moi, un homme ligoté sur une chaise. Je peux voir son visage. Il sourit et me demande de venir le détacher. Quelqu’un marche. Il y a une femme derrière moi. Elle me tend une arme à feu. Pourquoi faire ? Elle prononce quatre mots : « Il était au volant ». Au volant ? Qu’est ce que ça peut me faire ? Et puis soudain le flash. C’est lui. C’est de sa faute. J’accepte l’arme et je sens un sourire naitre sur mes lèvres. Je marche vers lui, l’arme à la main. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, comme je n’ai pas compris ce qui se passait quand il m’a renversée. Je pointe mon arme sus son front, je lui fais face. Il panique et me demande pourquoi, tout en m’insultant. Je lui réponds : « 15 Octobre 2011 ». La date de la mort de mon frère. Il ne semble pas comprendre, alors j’ajoute : « Tu étais au volant d’une voiture et tu as heurté deux personnes. L’une d’elle est morte. L’autre a survécu et se tient devant toi ». Il semble comprendre. Bien. Je veux voir la peur sur son visage. Il me supplie de lui laisser la vis sauve. Je lui offre mon plus beau sourire et je lui dis : « C’était mon frère ». J’appuie sur la gâchette. Son sang m’éclabousse le visage. J’entends alors quatre mots : « Bienvenue à Broken Flower ». Ma vengeance est assouvie. Je me mets à pleurer. A pleurer mon frère. Je peux enfin le pleurer, et lui dire adieu.