Pensez-vous vraiment que Ryden Rodriguez a eu une vie facile pour être aussi souriant ? Vous êtes loin de la vérité. Vous savez, s'il est aussi souriant, s'il tient encore le coup, c'est qu'il y a une raison. Cette raison, vous la trouverez planquée dans ses affaires. La drogue. Ryden Rodriguez, étudiant à Broken Flower de son état, se drogue. Ecstasy, cocaïne, marijuana, il prend tout ce qui passe, tant que ça lui permet d'oublier. Oublier quoi ? Pour le savoir, il faut revenir quelques années en arrière.

Ryden a vu le jour alors que les relations entre ses parents n’étaient pas au beau fixe. Et sa naissance acheva de briser le lien ténu qui liait ses deux géniteurs. La séparation fut décidée d’un commun accord, aucune larme ne fut versée, aucune objection ne fut soulevée, aucune dispute ne fut lancée. Le blondinet grandit donc avec son père, et ce, contre la volonté de sa mère qui voulait obtenir sa garde. Son enfance fut maussade, son père ne s’occupant que peu de lui, c’est d’ailleurs pourquoi Ryden fut rapidement très autonome. Autonomie qui lui servit rapidement d’ailleurs. A l’âge de 6 ans, il perdit son père dans un incendie qui rasa le quartier où il habitait. Lui fut épargné, car ce jour-là, il jouait au basket avec des amis dans le centre-ville.
A partir de cet évènement qui l’a beaucoup marqué, il vécut chez sa mère. A l’inverse de son père, la jeune femme le couvait, le maternait, ne le quittait pas des yeux. Cette présence n’était pas particulièrement désagréable mais elle avait quelque chose d’effrayant aux yeux de Ryden. Où qu’il aille, quoi qu’il fasse, il finissait toujours par se retrouver nez-à-nez avec sa mère, provoquant un profond sentiment de malaise chez lui. Cette femme ne lui voulait pas de mal pourtant, mais elle voulait tellement bien faire que les conséquences en étaient mauvaises. Plutôt que de l’amour, elle inspirait de la peur chez Ryden. Une peur grandissante, qui l’étouffait, qui l’empêchait de voler de ses propres ailes. Il n’osait plus rien faire. Le fait de se sentir observé, se sentir aussi surveillé le muselait, il avait peur de faire quelque chose de mal. Un silence de plomb - et pas d’or comme le veut le proverbe – vint remplacer les rires de l’adolescent, il avait alors 13 ans – comme par hasard, oui je sais -. L’impression de couler lentement dans une mer sans fond, lentement, très lentement, sans personne pour l’aider, lui pesait fortement. Car les conseils des autres ne lui servaient absolument pas. « Dis à ta mère que tu en as marre ! », mais Ryden ne voulait pas la blesser, elle pensait bien faire … Alors il se taisait et laissait sa mère se complaire dans son rôle de geôlière aimante et surprotectrice. Mais ça ne pouvait pas durer éternellement … Il voulait vivre. Pas seulement survivre. Il voulait croquer la vie à pleine dent, courir vers le futur sans jamais s’arrêter, pour se retourner qu’au dernier moment, juste avant de dire au revoir à ce monde. Mais c’était impossible tant que sa mère le retenait captif, tant que sa mère l’empêchait de voler de ses propres ailes. Il lui fallait faire un choix. Blesser sa mère ou se laisser blesser, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se relever. Il était peut-être déjà trop tard … Cette femme avait tout contrôle sur sa vie. Mais Ryden voulait continuer à espérer, ne serait-ce qu’un peu … Alors il attendit son heure … Tout cela dura trois ans. Trois ans de peur, trois ans d’inactivité, trois ans difficiles à supporter pour Ryden. Mais cela prit fin. Lorsqu’un camion – bénédiction divine ou pas – renversa ce tyran qui l’oppressait. Elle n’a pas survécu à ses blessures et mourut à l’hôpital.
Ryden fut alors confié à une famille d’accueil, qui, elle, le laissait respirer tout en gardant un œil sur lui. L’année de ses 16 ans lui sembla merveilleuse, mis à part un seul bémol : la jalousie du fils déjà présent dans sa famille d’accueil qui lui mena la vie dure. Mais il parvenait à le supporter, sa liberté nouvelle le grisait et il vivait sa vie à cent à l’heure, sinon plus. Mais chaque week-end, il prenait un peu de son temps pour se recueillir sur la tombe de ses parents. Chaque week-end, jusqu’à … Jusqu’à son entrée à Broken Flower en fait. Sa famille d’accueil ne supportait plus les conflits qui opposaient Ryden à leur fils et décidèrent de l’envoyer en internat, ce qui ne le dérangeait nullement, puisqu’il n’aurait plus à supporter ce sale gosse. Et il avait raison de se réjouir de partir, car sa vengeance était proche …
Une semaine après son arrivée à Broken Flower, on l’emmena dans les sous-sols du pensionnat et il se retrouva face à cet insupportable gamin. Lui, qui pensait ne plus avoir à le voir … Le voilà servi.

« Tue-le. »
« Qu-quoi ? Mais vous avez fumé quoi, c’est d’la bonne, vous êtes en train de me demander de devenir un assass- »
« Tue-le, ou tu seras tué. »

Ryden déglutit, mais s’exécuta. Le nata qu’il tenait à la main s’abattit sur la nuque de l’adolescent … dont la tête roula sur le sol avant de s’arrêter, son regard vitreux figé pour l’éternité.
Le lendemain, Ryden revint pour la dernière fois sur la tombe de ses parents. Et pour la première fois, il n’avait rien apporté avec lui. C’était juste un adieu, l’adieu qu’il faisait à son passé.

« Merci pour tout. »

Après cela, il ne remit jamais les pieds dans ce cimetière. Et c’est aussi après tous ces évènements qu’il sombra dans la drogue. Car oui, Ryden est un lâche. Un lâche qui fuit son passé, qui fuit ses actes, qui fuit la réalité. Mais pour combien de temps ?

{ Allez, j'ai oublié de le dire - et surtout, je savais pas où le caser -, Ryden a un tic de langage "Kitchaaaa" qui s'entend souvent lorsqu'il se prend un truc dans la face. }